(je me permets de m'incruster, si je dérange, je pourrais effacer mon post si tu le souhaites.)
Le vent pénétrait par quelques vitraux rendus friables par le Temps et la Vie si Cruelle des lieux. Un vent froid et sec, sans une once d'espoir, chariant les larmes et les psalmodies des Fidèles ... si rares.
Une brise hivernale et gelée qui laissait les quelques personnes présentes si seules ... si ... repliée ... La Maison de Dieu ne semble pas très accueillante, mais cette ville toute entière l'était elle ?
Les rangées de Pries-Dieu s'amassaient modestement et restaient immobiles face aux pleurs des Pratiquants, qui suppliaient, demandaient, ou constataient avec tristesse que leurs Vies n'étaient rien.
Se rendaient ils compte parfois, lorsque le Silence Religieux laisse les Ames vides, et qu'ils n'entendent dans leur coeur, que les lugubres cris du vent, se rendaient ils compte que ce Dieu qu'ils acclamaient, qu'ils nommaient seul Juge, à qui ils confiaient leur vie, ne leur répondrait sans doute jamais ?
A jamais seul et vide.
Seule et vide elle aussi, une Ame peu pieuse marchait à petits pas lents le long des allées strictes et stériles. Les longs cheveux bruns de la Demoille volaient, blafardes mèches, au grès du vent sans qu'elle ne désire les controler. C'était Hécaterinaa qui déhambulait, errante, dans ce lieu, sans même se demander ce qu'elle faisait là.
Y avait il une importance ? Ici ou ailleurs serait pareil et la Femme aux immenses ailes délavées et en lambeaux laissait derrière un très discret bruit de pas, que peu pourraient entendre. Elle était si fine, si frèle qu'on aurait pu penser que le vent allait avoir raison de son équilibre et qu'elle se trouverait emportée ...
Emportée .. loin, loin ...
Hécaterinaa ne semblait pas lutter contre cette petite brise sombre et glaciale, elle se laissait emporter, ses pas légers sur le pavés jadis, sans doute, luxueux de l'Eglise ... Ils étaient si ternes, sans vie, triste reflet de ce qu'ils avaient été ... Telle que cette Vie.
Tel que le Nouveau Monde ...
La Lunaire posa son pied gracile sur une dalle branlante et un bruit sourd s'était fait entendre, net et précis pourtant, si juste qu'il fut entendu de tous, présents dans le Lieu Saint.
Elle même avait sursauté de ce bruit inattendu, mais ce changement de sensation, d'allure morne, s'acheva rapidement, pour laisser vite la place à son quotidien visage douloureux et sans émotion apparante.
Elle avait avancé sans s'en rendre vraiment compte vers l'Autel, à pas si lent qu'elle semblait figée, sous soumise à une Gravité imposante, comme si une main invisible retenait sa cheville et la faisait peiner à marcher. Mais .. c'était le lourd poids de cette Vie qui la rendait si rude, la Marche, si mélancolique et sans espoir ... Aucun, non aucun.
La jeune femme discerna alors une silhouette parmi les colonnes de la Nef et elle s'immobilisa dans une expression de statue de Marbre blanc, laiteux, comme une jolie Revenante prive en carbotine.