Cloîtrés dans son propre silence, Shadrileh avançait d'un bon pas dans un couloir où s'alignaient à intervalle régulier quelques portes. Certaines étaient ouvertes, d'autres closes. Mais en tout les cas ce qui s'y passait n'était pas inconnu pour les membre de l'ADH. Parfois ont pouvait appercevoir un être en blouse blanche passer d'un pas presser, une éprouvette en main, parfois un autre était assis à même le sol, la tête entre les mains, à maugréer sur une expérience qui ne fonctionnait pas.
Mais rien de tout ceci pour le moment. chacun semblait s'activer à faire quelque chose, ou à défaut cherchaient à en apprendre plus, mais tous étaient dans leurs labos, le silence du couloir n'étant dérangé que par les pas réguliers de la Bannie. Ses pas d'ailleurs finirent par s'arrêter, devant une porte qu'on eut pu dire isolée. La dernière, il n'y en avait aucune autre ni plus loin, ni en face. Elle n'était pas verrouillée, Shadrileh accordait une certaine confiance à ses petits camarades. Et puis de toute manière, les produits ou les objets les plus importants restaient chez elle.
Elle actionna la poignée, entra dans la pièce, referma la porte derrière elle. Les teintes lafardes des néons au plafond donnaient un aspect glacial et inquiétant à l'ensemble de machines, de tuyaux, transparents ou métalliques. Rien ne semblait être utilisé pour l'instant, mais tout en revenche était d'une propreté impeccable. C'est un peu plus au fond dans la pièce que l'on pouvait distinguer une table un peu moins ordrée sur laquelle trônait quelques outils de bricuolage, quelques pièces de métal, une série de fioles aux couleurs variées, une épaisse ceinture où quelques grenades étaient attachées et un ordinateur qui en apparence ne semblait pas de toute dernière jeunesse. Mais pour le savoir vraiment, il fallait encore ouvrire la tour qui trônait dans un espace prévu à cette effet sous le bureau.
Shadrileh traversa simplement cette pièce, contournant le matériel du parfait petit chimiste pour se diriger vers le bureau. Elle tira le tabouret à roulettes pour s'y installer, glissant au plus près du bureau. Ses main courrurent sur le clavier, l'écran de l'ordinateur sembla se réveiller d'un lourd sommeil. Ouvrant une série de dossier, elle lança des recherches. Il lui fallait connaître l'époque exacte de l'oeuvre qu'elle aurait à travailler, pour estimer plus précisément la date d'écriture, les types d'encres alors existants et leur composition, ainsi que celle du support de ce fameux conte. La recherche lancée, elle posa ses coudes sur le bureau, croisa ses doigts fins sur lesquels elle appuya son menton et attendit, le regard fixé sur l'écran, regardant sans vraiment les voir les lignes qui défilaient à une vitesse impréssionnante.